Cette journée du samedi promettait d'être chaude. Et elle l'était! On cuisait sous le soleil, on séchait dans les grands quartiers et, surtout, on suffoquait dans les résidences de l'Université.
Exaspérée, Kerla Paeriel, emprunta un omnibus depuis l'Université en direction d'un coin plus aisé. La fraîcheur ne vint guère dans le chariot, surtout avec cinq personnes, mais le "fourneau" où vivait la jeune fille quelques minutes plus tôt était déjà loin. De sa sacoche en cuir, elle sortit un livre qu'elle devait lire en devoir, dont un ruban le séparait en deux. En l'ouvrant, on pouvait apercevoir les pages jaunies par l'âge et les lettres pas très soignées, parfois effacées, écrites à la main. L'auteur était un marin, peu à l'aise à l'écriture, qui vécut deux centaines d'années plus tôt. Il mourut, semblait-il, noyé dans son whisky.
Kerla tenta de se replonger dans les pages quand les chevaux fient un arrêt si brusque qui faillit projeter la tête de l'étudiante vers le siège devant elle. Sans broncher, elle rangea son livre et descendit du grand chariot, les autres passagers ensuite. C'était la fin du trajet!
La destination n'était pas le quartier du Roi - même riches, les Paeriel n'avaient jamais osé s'y aventurer - mais... c'était bien plus beau! D'un côté de la pavée, les maisons étaient plus petites que les bâtiments habituels de Kohardis, et de l'autre côté, une petite route, quelques balcons et arbres ici et là. Au milieu de ce chemin, une pancarte, sur un tapis de fleurs de toutes les couleurs, offre une carte de l'espace vert. Kerla longea la route avec enthousiasme, elle qui projetait aller dans un café bondé, n'avait jamais eu l'idée de se promener dans le parc.
L'activité humaine au parc surprit l'étudiante. Si quelques personnes marchaient, couraient ou s'assoyaient sur les bancs, la plupart des gens préféraient s'isoler sous l'ombre d'un arbre, ce qui rendit les moyens de trouver un bon coin plus difficile. C'était normal, à cette température à fondre debout!
Finalement, Kerla trouva une grande fontaine, décorée d'une statue de femme ailée, déversant une chute d'eau d'un vase, et de deux enfants autour d'elle qui l'imitèrent. La proximité de l'eau va lui donner une fraîcheur confortable, en plus qu'il n'y a presque personne - omis une dame qui nourrissait les oiseaux. Elle s'installa donc au bord de la fontaine, déposa sa sacoche et y sortit le vieux livre pour enfin le lire.
Par ou commencer?
Eh bien...
Ici, nous... nous...
Kerla n'arrivait pas à se concentrer sur le bouquin! Elle n'était pas fatiguée, ni dans la lune, juste... incapable de se concentrer! Défaite, elle leva les yeux au ciel un moment...